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Entretien avec Hélène L'Heuillet - \"Le voisinage est un corps-à-corps\"

“Le voisinage est un corps-à-corps”

Pour la philosophe et psychanalyste Hélène L’Heuillet, une des expériences fondatrices de l’altérité se fait dans les relations de voisinage. Dans un essai (1), elle interroge l’éthique de cette condition minimale de la coexistence sociale, dans une société de plus en plus violente.

Pourquoi avez-vous choisi d’écrire sur les voisins ?

H. L. -H. : Aujourd’hui, qu’on habite à la ville ou à la campagne, les conflits de voisinage montent très vite en une violence intersubjective. La coexistence avec l’autre, la relation à l’autreque nous portons en nous, l’altérité sont en question. Parce que le voisin est le premier autre. J’avais déjà abordé ce sujet, par des prismes différents, dans deux autres de mes livres : dans celui sur la police (2), cette institution de proximité qui œuvre en principe pour tisser du lien social, et celui sur le terrorisme (3), où elle est sollicitée dans une nouvelle forme de violence, de guerre, dont on ne sait pas si elle relève de l’intérieur ou de l’extérieur.

Que diriez-vous de cette relation à l’altérité aujourd’hui ?

H. L. -H. : Dans nos sociétés, nous vivons souvent dans le déni de l’altérité. Cela peut prendre deux formes : soit se sentir seuls au monde ; soit, à l’inverse, se replier complètement chez soi en fermant sa porte et en croyant que, là, au moins, nous sommes seuls au monde.

Mais, on peut fermer sa porte,ses frontières, on a toujours des voisins. On ne

“Le voisinage est le premier lieu d’échanges et de services, depuis toujours.”

fera pas sans les autres.

On n’est pas clos. Ceci vaut aussi pour la scène internationale : on peut toujours construire un mur entre soi et les autres, on a toujours des voisins.

Quel avantage avons-nous à être bien avec eux ?

H. L. -H. : Le premier est de réaliser que nous avons besoin de nous adresser

à un autre. Le voisinage est le premier lieu d’échanges et de services, depuis toujours. Dire “bonjour”, “bonsoir” : cela n’a l’air de rien, mais c’est énorme.

Pour certains, cela constitue le seul contact de la journée.

Pour que nous soyons tranquilles chez nous, il faut donc que nous soyons bien avec les autres et que ces autres y mettent aussi du leur. Il n’est pas obligé d’entretenir un lien serré avec eux, comme s’ils faisaient partie de notre famille. Notre mince lien avec ceux qui vivent à côté de nous, est davantage intéressant : savoir qu’ils existent et ce qu’on leur doit, les respecter et être en paix avec eux. Il s’agit tout simplement de revenir aux B.a.-ba de la coexistence humaine. Penser aux voisins quand on a envie de prendre une douche ou de mettre de la musique à 4 h du matin, par exemple... Faire attention les uns aux autres.

Pourquoi avoir choisi de classer les voisins : ceux d’en bas, d’en haut,d’à côté ?

H. L. -H. : Cette classification réfère surtout à l’urbanité, où a lieu l’expérience maximale du voisinage.

Le repérage du voisin (en haut, en bas, à côté) est avant tout un repérage du corps, car le voisinage est un corps- à-corps. Le corps est confronté, d’une façon ou d’une autre, au voisin par la vue, l’ouïe… En cas d’incendie, de dégât des eaux ou autre, même le solitaire sera confronté à ses voisins. Inconsciemment, nous n’avons pas la même relation à ceux d’en bas et à ceux d’en haut. Ceux d’en haut - qu’on accuse souvent de tous les maux - interrogent notre relation à l’autorité.

Et ceux d’en bas - qu’on a tendance à oublier - notre relation à la pauvreté.

Les relations de voisinage se révèlent aujourd’hui ouvent très « violentes » …

H. L. -H. : Oui, parce que la haine n’est plus refoulée. On monte très vite en conflit. Les relations de voisinage passent beaucoup par le visuel à cause de l’effondrement du langage ; on ne sait plus trop parler ou on parle trop.

Mais la violence est dans l’humain. L’humanisation de l’humain passe donc par la composition avec ses pulsions. L’altérité nous rappelle qu’on ne contrôle pas tout et qu’on a à faire avec l’autre. Heureusement, les médiateurs de voisinage aident à réinstaurer du dialogue. Notamment dans de grands ensembles HLM.

Le voisinage peut-il quand même être un espace d’espoir ?

H. L. -H. : Les grandes transformations sociétales ont des effets paradoxaux. Dans les petites villes de province, par exemple, les centres-villes se ressemblent tous désormais et les lieux d’habitation périphériques sont souvent tristes à périr, sans même un café pour se rencontrer…

Mais il s’y crée parfois de nouveaux moments de sociabilité comme les apéritifs, les gardes d’enfants, les réunions entre voisins… Le voisinage devient aussi un thème pour des associations, des groupes sur les réseaux sociaux, des séries télé, des fêtes… Preuve qu’il y a de la communication, que le lien existe, qu’on peut y investir et que l’histoire se fait donc aussi par des initiatives personnelles.

Propos recueillis par Carine Hahn

(1) Du voisinage. Réflexions sur la coexistence humaine, éd. Albin, Michel, 2016.

(2) Basse politique, haute police, éd. Fayard, 2001.

(3) Aux sources du terrorisme, éd. Fayard, 2009.

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